Exploitation de ressources spatiales : après MoonExpress, le Luxembourg entre dans la course

Je parlais il y a quelques jours de la société MoonExpress, qui a obtenu le feu vert de la FAA pour envoyer un module sur la Lune à des fins commerciales. Mais une seconde entreprise fait parler d’elle : Deep Space Industries. L’humanité semble entrer dans une nouvelle ère, tournée vers l’espace et ses ressources exploitables.

Le Luxembourg veut jouer un rôle central dans la nouvelle course spatiale

Les États-Unis ont engagé plusieurs démarches concernant l’exploitation de ressources spatiales par des entreprises privées. Ils ont tout d’abord défini un cadre légal sur le minage extra-terrestre en décembre 2015, et ont, cet été, autorisé une entreprise privée à envoyer un module sur la Lune. Cette entreprise, MoonExpress, entend exploiter les ressources lunaires à des fins commerciales. Mais le reste du monde entend bien avoir son mot à dire, et c’est notamment le cas du Luxembourg. Le pays européen a en effet décidé de plancher sur un cadre légal relatif à l’exploitation de ressources spatiales. Si cela aboutit, le Luxembourg sera le premier pays européen à posséder ce genre de cadre. Mais son implication ne s’arrête pas là : le Luxembourg compte bien avoir une place déterminante dans l’économie spatiale. Début juin, le pays a annoncé la mise en place d’un fond de 200 millions d’euros destiné aux entreprises tournées vers le minage d’astéroïdes. La somme annoncée pourrait même être revue à la hausse si nécessaire. De quoi motiver les entrepreneurs.

Deep Space Industries : des ambitions jusqu’en 2020

Le projet de MoonExpress, autorisé par la FAA (Federal Avitation Agency), envisage d’envoyer un module sur la Lune pour y détecter les ressources potentiellement exploitables dans un futur proche. Le Luxembourg a porté son choix sur Deep Space Industries, une start-up américaine qui ambitionne d’aller exploiter les ressources d’astéroïdes. Il faut dire que l’aventure est tentante : un astéroïde d’une trentaine de mètres de diamètre pourrait contenir l’équivalent de 50 milliards de dollars de platine, selon Peter Diamandis, un physicien et entrepreneur américain tourné vers le domaine spatial. Mais, pour l’instant, Deep Space Industries ne s’intéresse pas au platine, mais à un autre élément : l’eau. Et le projet semble particulièrement lucide et cohérent.

Rosetta
Comète 67P/Churyumov–Gerasimenko, objectif de la mission Rosetta de l’ESA (European Space Agency). Crédits : ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA

Le projet prévoit d’envoyer un satellite opérationnel en 2020, avec un jalon intermédiaire en 2017. Le premier satellite envoyé l’an prochain sera plus petit que son successeur, et sera équipé d’un propulseur à eau. Il permettra de tester cette nouvelle technologie de propulsion de vapeur d’eau, avant de la déployer sur le futur satellite envoyé en 2020. Ce dernier sera en mesure de cartographier la surface de l’astéroïde et de détecter ses réserves en eau. Il se posera ensuite sur l’astéroïde à l’aide de son système de propulsion et exploitera les ressources. Le projet de Deep Space Industries semble, pour l’instant en tout cas, plus aboutit que celui de MoonExpress.

Le début de l’exploration spatiale

Ce projet est d’un intérêt particulier dans le domaine de l’exploration spatiale, en plus de celui de l’exploitation de ressources extra-terrestres. Le propulseur a eau développé par Deep Space Industries représente une avancée technologique majeure puisque ce genre de propulsion n’est pour l’instant pas utilisé. Or, on imagine aisément les conséquences que pourraient avoir l’exploitation de l’eau des astéroïdes si un tel système de propulsion se développe. Cela permettrait d’envoyer dans l’espace des satellites capables de se réapprovisionner eux-même en carburants, ouvrant la voie à des projets de missions spatiales pour l’instant irréalisables.

On peut même aller jusqu’à imaginer mettre en place une station de ravitaillement sur la Lune. En effet, le satellite naturel semble posséder des réserves d’eau exploitables. Or, le carburant constitue aujourd’hui un problème majeur dans le domaine du spatial. En effet, le carburant pèse tellement lourd qu’il faut utiliser du carburant pour pouvoir transporter du carburant (en plus du poids de la fusée, des satellites, etc…). S’il est possible de réduire le poids au décollage, en diminuant les quantités de carburant, et d’envoyer ensuite les satellites sur la Lune pour se charger d’eau, cela pourrait radicalement changer l’approche des missions spatiales. Si ce projet de base de ravitaillement lunaire n’est pas encore annoncé, il est tout de même possible de l’imaginer, si les tests de Deep Space Industries concernant le système de propulsion et d’exploitation d’eau sont positifs. L’exploration spatiale serait alors particulièrement boostée. Suivant l’aboutissement des projets de MoonExpress et Deep Space Industries, 2016 pourrait bien marquer le début d’une nouvelle grande période d’exploration.

Voyager1
Voyager 1, objet de fabrication humaine le plus éloigné de la Terre. Une des missions spatiales les plus fructueuses de l’histoire. Voyager 1 est sortie de l’héliosphère en 2015. Crédits : NASA

Image de couverture (cette image ne représente pas le projet de Deep Space Industries) : Crédits : NASA

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